A l’occasion de la récente réhabilitation de la Mosquée de Diaguissa, réouverte en fin 2019, des sages du comté ont raconté l’histoire de ladite Mosquée, histoire inextricablement liée à celle de la confrérie des “Souléyaabhés” de Missidé Diaguissa.
Le Missidé Diaguissa d’antan, partie intégrante de l’ex-Province de Dalaba, s’étendait de Kollaguel Folory (limite avec Missidé Dalaba) au Fleuve Konkouré (limite avec Linsan, Kindia). Le Missidé Diaguissa d’aujourd’hui est un District de la Commune Urbaine de Dalaba. Il représente une infime partie du Missidé d’antan.
Il est difficile de fixer avec précision, la date d’arrivée à Diaguissa du patriarche musulman de la confrérie des Souléyaabhés. Selon les historiens, le patriarche Maama Khalilou est venu de Dibaraa, République du Mali et s’est installé à Gobiiret, Sous-Préfecture de Kankalabé, Dalaba. Il y a fait beaucoup d’enfants dont Maama Alfa, Maama Souleymane, Maama Saliou, Maama Abdoulaye, Maama Malal, Maama Abdoul Hamid et Maama Hammadi Raaha. Maama Abdoulaye prit la direction de Tountouroun, Préfecture de Labé (où se trouve une forte communauté de la confrérie SOW. Maama Hammadi Raaha et son fils Maama Khalil prirent la direction de Diaguissa ; les cinq autres s’étant fixés à Gobiiret.
En route pour Diaguissa, Maama Hammadi Raaha et de son fils Maama Khalil étaient accompagnés de leur troupeau dont un taureau ainé. Arrivés au niveau de la Rivière Téné (aujourd’hui village de Gadha Téné), le taureau s’est couché, signalant ainsi, que cet endroit est un lieu propice pour s’installer. Nos voyageurs y passèrent la nuit et très tôt le matin, ils entendirent un coq chanter depuis une colline non loin de là, au Nord-Ouest du campement.
Maama Khalil a été dépêché vers la localité de laquelle provenait le chant du coq - aujourd’hui le village de Toulbhoye, reconnu comme étant l’une des habitations musulmanes ainees de Diaguissa - pour chercher du feu. Au son retour à Gadha Téné, où il fait généralement froid le matin, son père Maama Hammadi Raaha avait déjà rendu l’âme. C’est en ce moment que Maama Khalil s’exclama en peulh “èdja gassi !”, en français “c’est fini”. Les historiens racontent que c’est de là qu’est venu le mot “Diaguissa”, le nom actuel de Missidé Diaguissa. Les anciens de Ghada Téné situent aisément l’emplacement de la tombe de Maama Hammadi à l’Est du village.
Maama Khalil décida de s’établir dans la zone, à approximativement un kilomètre de Gadha Téné, précisément à Bappé, juste milieu entre les actuels villages de Koumbourou et de Missidé Diaguissa. Plusieurs autres confréries musulmanes telles que les “Yéroyaabhés”, les “Paatéyaabhés”, les “Sambayaabhés”, les “Niogoyaabhés”, les “Yillayaabhés” ont par la suite été accueillies et y ont élu domicile près de Maama Khalil. Des recherches sont en cours pour retrouver l’histoire détaillée de chacune de ces confréries.
En attendant, ouvrons une parenthése sur les informations actuellement disponibles et consensuelles sur quelques unes desdites confreries :
Les populations du territoire de Diaguissa d’antan, les quelques rares qui avaient refusé d’embrasser la réligion musulmane au moment du jihad, avaient été repoussées et sorties du territoire. Elles s’etaient implantées du côté de la rive gauche du fleuve Konkouré. De nos jours, elles se sont toutes converties à la réligion musulmane. Certains de leurs successeurs actuels habitent au village de Boubouya, Sous-Préfecture de Linsan, Kindia dont les actuels habitants entretiennent des relations harmonieuses avec les descendants de Maama Khalil et amis ; les uns participant aux cérémonies et solennités des autres et vice-versa.
Parmi les enfants de Maama Khalil, Sally Kilé figure en bonne place. Après les décès de son père, Sally Kilé est devenu le Chef de Missidé Diaguissa. Ses frères Mamadou Pâté et Sally Bory ont pris la direction de Sennadé, Préfecture de Mamou. De son côté, Sally Kilé avait beaucoup d’enfants dont Thierno Souleymane, Thierno Boubacar Keira, Thierno Mamadou Pâté, Néné Kadidiatou et Thierno Mamadou Dian. Devenus grands, ils se sont repartis à l’intérieur du Missidé, chacun s’installant sur un ou plusieurs villages propres dont il devenait le Sous-Chef. Des noms rythmant avec les prénoms des sous-chefs ont été donnés aux descendants de ces groupes de villages :
Lorsque la stabilité de la mosquée et la soumission à l’islam par tous les habitants de Missidé ont été assurées, le pouvoir réligieux a été confié au plus sage des sages : Thierno Malal. Celui-ci a pourvu la Mosquée en imams sur la base d’une règle stricte consistant à sélectionner des encadreurs parmi les plus compétents du territoire.
Dans ce cadre et conformément à la mémoire des notables de Diaguissa que nous avons pu interviewer, les imams ci-dessous se sont succédés à la position d’Imam Ratib de la Mosquée de Diaguissa :